Extrait de : "Historique des chaires de Chimie, de Physique végétale et de Physiologie végétale du Muséum d'Histoire naturelle

Extrait de : "Historique des chaires de Chimie, de Physique végétale et de Physiologie végétale du Muséum d'Histoire naturelle", Victor Plouvier*, Bull. Mus. natn. Hist. nat., Paris, 4e sér., 3, 1981, Miscellanea : 93-155.

 


Plus d'information! Index Bibliographie

 

Origine et évolution des deux chaires de chimie et de la chaire de physique végétale

 

Locaux : amphithéatres et laboratoires

 

Les locaux de la cour de la Baleine

 

 

Rue de Seine Saint-Victor (nommée rue Cuvier en 1838) se trouvait la Régie des Fiacres, devenue propriété nationale en 1787. Ses bâtiments et terrains furent attribués au Muséum le 9 juin 1795. On y fit des logements pour le personnel. Molinos commença aussitôt la construction des galeries d'anatomie comparée et d'anthropologie (galeries Cuvier). Celles-ci furent ouvertes au public en 1806, mais seulement terminées en 1817 (agrandissement du Cabinet d'Anatomie). Les bâtiments étaient disposés autour d'une cour rectangulaire appelée grande cour de la Régie et plus tard cour de la Baleine en raison d'un squelette de cachalot qu'on y laissa pendant longtemps (au moins de 1833 à 1857), faute de local assez grand pour l'abriter. Malgré l'apparence symétrique de l'ensemble sur les plans, ces bâtiments ainsi que le niveau de la cour étaient peu réguliers. En 1837, on construisit, dans le prolongement du pavillon du côté est, l'amphithéâtre Rouelle (200-250 places) pour les démonstrations d'anatomie comparée ; celui-ci avait été demandé en 1833 en raison des inconvénients du transport des pièces anatomiques au grand amphithéâtre.

La chaire d'Anatomie comparée ayant été transférée dans une construction neuve (1860) au 55 de la rue de Buffon, les locaux libérés de la cour de la Baleine furent attribués à Frémy pour l'installation de son école. Il y resta de 1864 à 1872. Dans les archives figure la liste des aménagements qu'il a demandés.

Après avoir visité plusieurs laboratoires parisiens à titre d'information (Conservatoire des Arts et Métiers, Ecole des Mines, Ecole polytechnique), Frémy rédigea les notes suivantes :
"On disposera dans le jardin un auvent vitré de 1m50 de saillie sur 8m de long adossé au mur pignon, du laboratoire à créer dans l'aile à l'est.

"Les locaux dont nous disposons comprennent 4 parties : "1° L'ancien laboratoire qui était destiné à la dissection des grands animaux et dans lequel on placera un fourneau adossé au mur de l'escalier.
"2° L'extrémité de cette pièce dont le sol est plus élevé que celui de la précédente servira de magasin pour les bocaux, cornues... Il sera séparé du laboratoire par des cloisons en briques.
"3° L'ancien magasin du rez-de-chaussée où l'on construira un grand fourneau de 6m adossé au mur pignon à l'est.
" 4° Au 1er étage au-dessus de ce magasin, un laboratoire pour le professeur, une salle pour les balances qui ne pourront rester dans un rez-de-chaussée humide et un dépôt de réactifs et produits chimiques qui seraient altérés par l'humidité.

"On fera dans le premier laboratoire un plafond en plâtre et dans le second une aire en bitume. Deux tuyaux d'évaporation en briques pour les fourneaux auront une section de 25cm sur 65cm et s'élèveront jusqu'au-dessus du toit. Les paillasses des fourneaux seront en briques de champ sur consoles de briques, les hottes en plâtre. Dans chaque fourneau, on disposera un bain de sable, avec vitrage à coulisse dans un chassis en bois. Dans chaque laboratoire un robinet au-dessus d'une auge en ciment. Un bec de gaz sur chaque table, deux becs sur chaque fourneau pour le chauffage. Une table de 4m sur 1m30 en chêne, couverte de carreaux entourés de fer, avec 6 tiroirs, placée dans chaque laboratoire. 6 armoires pareilles le long du mur dans chaque laboratoire dont le reste des murs sera garni de rayons de sapin de 30cm de profondeur distants de 40cm. Le dessous des fourneaux et des rayons restera libre pour y mettre de la verrerie ou du charbon. On fera deux poêles en briques semblables à celui du laboratoire de M. Frémy, avec bain de sable dans une boîte en cuivre... "

Dans l'inventaire du laboratoire de manipulations, en 1866, on remarque parmi de nombreux articles : des capsules et creusets de platine et d'argent. 20 fourneaux à gaz avec allonge eu fonte, 25 lampes à gaz avec support, 20 supports en fer, 32 supports eu bois, 60 chaises en paille, 7 tables à tiroirs, 47 armoires pour les élèves (en séries de 2, 3, 4, 5, 8), un fauteuil garni de cuir, une bibliothèque avec armoire chêne, un microscope, 4 balances....

D'après Tissandier, les élèves étaient fort mal à l'aise dans ces bâtiments anciens, mal éclaires, petits, étroits.

La cour de la Baleine avait donne lieu à plusieurs projets (1854, 1872) en vue de sa transformation en galerie d'exposition couverte pour loger les collections. La construction des nouvelles galeries de zoologie et d'anatomie a fait désaffecter ces vieux bâtiments qui dès lors furent condamnés à disparaître : en 1884, les squelettes furent déménagés ; en 1902, on fit évacuer en vue d'une démolition partielle. Le plan général de 1905 (par Blavette) montre qu'on a supprimé les bâtiments qui longeaient la rue Cuvier et l'aile droite du côte est jusqu'à l'amphithéâtre Rouelle (donc les locaux qui furent occupés par Frémy).

Avant 1939, on a enlevé l'aile du côté ouest et la partie de la maison de Cuvier qui lui était adossée et formait le côté gauche de l'ancienne ruelle du Tondeur où habita Fagon. L'emplacement de la Régie des fiacres est maintenant occupé par une construction en briques rouges de trois étages, 65m de façade sur la rue Cuvier (n°43), édifiée en 1939, pour les laboratoires de cinq chaires. Derrière elle, il reste encore l'ancienne galerie Cuvier avec ses deux pavillons (où sont installées la Muséologie de l'ethnozoologie), l'amphithéâtre Rouelle et une partie de la maison de Cuvier reliée par une arcade au côté droit de l'ancienne ruelle du Tondeur, Une partie de la cour de la Baleine subsiste le long de la galerie Cuvier ; devant le bâtiment neuf, deux cours symétriques à 2,50m en contrebas sont de plain-pied avec le sous-sol des nouveaux laboratoires

Visiteurs















Il figure dans sa position actuelle sur la vue cavalière de Bernard et coll. (1842). Un projet d'amphithéatre à l'intérieur de la cour ne fut pas retenu. Un autre, extérieur, en hémicycle, dans l'axe de la cour, est représenté sur le plan du Muséum par Rohault (1837)

BERNAHD, P., L. COUAILHAC, P. GERVAIS, K. LEMAOUT - Le Jardin des Plantes
L. Cur-mer, Paris, 1842

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Archives nationales - Manuscrits concernant le Muséum : AJ 15 (registres et cartons numérotes ). Registres des procès-verbaux des Assemblées de professeurs (1790 à 1848) : 90-142. Etats de traitements de l'an II à 1883 : 150-238. Bâtiments et terrains : 513. Organisation du Muséum : 515. Maisons et terrains en location : 522. Terrain Baillarger : ,523. Etats nominatifs de traitements de l'an IV à 1910 : 533. Organisation des laboratoires : 849. Inventaire du matériel : 852. Travaux de 1833 à 1864 : 802. Papiers de l'architecte Rohault de Fleury (travaux de 1833 a 1867) : 803-800. Comptabilité : 874-877
Thèse doct. 3e cycle. Ecole Pratique des Hantes Etudes, VIe section, Paris. 1, 1969

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Tissandier, G. - Les nouveaux laboratoires du Muséum d'Histoire naturelle
La Nature, 1873, 1 : 5-7

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Hillairet, O. - Dictionnaire historique des rues de Paris
Editions de Minuit, 1957

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