Extrait de : «Historique des chaires de Chimie, de Physique végétale et de Physiologie végétale du Muséum d'Histoire naturelle

Extrait de : «Historique des chaires de Chimie, de Physique végétale et de Physiologie végétale du Muséum d'Histoire naturelle», Victor Plouvier*, Bull. Mus. natn. Hist. nat., Paris, 4e sér., 3, 1981, Miscellanea : 93-155.

 


Plus d'information! Index Bibliographie

 

Origine et évolution des deux chaires de chimie et de la chaire de physique végétale

 

Locaux : amphithéatres et laboratoires

 

Le Grand Amphithéatre

 

 

L'amphithéâtre de Fagon était en mauvais état et trop petit pour recevoir la foule qui assistait au cours de Fourcroy (1784) ; il était mal placé, contre une rue trop bruyante.

Dans un endroit plus calme, le jardin de l'Hôtel de Vauvray (construit en 1690, devenu Hôtel de Magny) acquis par Buffon en 1787, Verniquet construisit un nouvel amphithéâtre, bâtiment carré partagé exactement par moitié entre l'amphithéâtre proprement dit de forme demi-circulaire et une vaste salle rectangulaire destinée à servir de laboratoire : on y plaça des fourneaux et tout le matériel nécessaire pour les cours. La Chimie restait donc annexée à l'amphithéâtre.

En 1794, Molinos ajouta les laboratoires en hémicycles sur les côtés et la face postérieure ; il agrandit l'amphithéâtre en supprimant la cloison et les colonnes qui le séparaient de la salle du fond ; il prolongea les gradins de chaque côté de manière à leur donner une forme de fer à cheval et construisit une hotte monumentale pour les expériences publiques de chimie. Cet amphithéâtre (de 1200 places (?) était alors le plus grand de Paris.

D'après le plan de Krafft (1801), seul l'hémicycle postérieur était réservé à la Chimie, les deux autres étant destinés aux démonstrations anatomiques et à la Botanique. Cet hémicycle ne comprend qu'une salle de 12,50 m de diamètre ; un escalier étroit donne accès, aupremier étage, à une salle demi-circulaire (10 m de diamètre), en cul-de-four (trois vasistas), propre à servir de dépôt de matériel. Les hémicycles latéraux, semblables mais plus petits, ont un premier étage où l'on accède par les gradins de l'amphithéâtre.

L'inauguration de L'amphithéâtre eut lieu le 25 janvier 1795 pour l'ouverture des cours de l'Ecole normale ; celle-ci, manquant de locaux, y fut hébergée pendant quatre mois. Le 10 septembre 1795, Fourcroy et Brongniart, exprimaient le vœu de pouvoir prendre possession le plus tôt possible de leur laboratoire et de le meubler. La liste des aménagements et du matériel demandés par les deux professeurs le 24 floréal an IV (3 avril 1796) nous renseigne sur leur installation : "Grand laboratoire (amphithéâtre ) : 2 escaliers tournants pour monter sur la cheminée, une table de démonstration au milieu du laboratoire, deux robinets d'eau avec évier, tablettes pour réactifs des deux côtés de la cheminée. - Laboratoire postérieur : tablette au pourtour et table au milieu, soufflet de forge et conduit d'air pour un fourneau à vent, étamage et pose de la grande fontaine, fourneaux d'alambics, pose de deux établis, pose de pieds de bois pour soutenir les gros et moyens mortiers, robinet d'eau courante et évier - Chambre au-dessus : garnir le pourtour des murailles de tablettes à crémaillères pour ranger les produits du cours de chimie générale, armoires pour ranger les ustensiles et machines de physique utiles à la chimie générale. Collection complète de machines et instruments pneumatiques, eudiométriques, statiques, hydrostatiques el hydrargyropneumatiques nécessaires à ce cours. - Cul-de-four latéral : rez-de-chaussée : laboratoire particulier pour les recherches des professeurs de chimie générale et des arts chimiques. Chambre au-dessus : garnir le pourtour de tablettes à crémaillères pour les produits relatifs au cours."

Brongniart avait dressé une longue liste d'objets de première nécessité pour le laboratoire des arts chimiques : on y remarque entre autres des fourneaux (fixés, de forge, d'alambics, portatifs), terrines vernissées, cornues, marmites, balances, trébuchets, cuves de bois garnies de plomb, verrerie, tabourets...

Le Comité de salut public partagea les instruments de chimie de Lavoisier. Fourcroy et Geoffroy allèrent choisir ce qui était utile au laboratoire (23 janvier 1795).

Pour ne pas importuner trop souvent le gouvernement avec des demandes de crédit pendant la période difficile qui suivit la Révolution, Brongniart suggéra de faire attribuer au Muséum du matériel de chimie inutile se trouvant dans des dépôts ou établissements nationaux (Ecole vétérinaire d'Alfort). Lassé de régler de ses deniers les dépenses du cours, il demanda le 13 avril 1797 l'autorisation de vendre 60 livres de mercure (sur les 600 livres qui restaient).

En 1850, toute la chimie du Muséum était encore confinée autour du grand amphithéâtre : l'un des hémicycles latéraux était occupé par Chevreul et Cloëz, l'autre par Frémy ; les élèves de Frémy travaillaient dans l'hémicycle postérieur (de 8 heures du matin à 6 heures du soir). On y a installé le gaz en 1860. Anatomistes et botanistes faisaient leurs démonstrations dans leurs nouveaux locaux. En 1895 V.Meunier écrit : "Si le laboratoire de chimie organique a pu rester dans le local étroit qu'il occupe, c'est que l'illustre savant qui remplit cette chaire (Chevreul) a trouvé dans le vaste laboratoire des Gobelins dont il dispose les moyens de travail qui lui manquent au Muséum". A cette époque, Frémy, également trop à l'étroit, installait ses élèves dans les vieux bâtiments de la cour de la Baleine.

L'amphithéâtre était trop spacieux et ses dépendances trop restreintes : plusieurs projets pour les agrandir sont restés sans résultat. En 1841, A.C. Becquerel, titulaire de la chaire de Physique appliquée (créée en 1838) réclama un laboratoire de chimie avec une hotte et une forge. L'architecte Rohault avait alors proposé de remplacer les trois rotondes par des avant-corps carrés montant jusqu'à la corniche générale et comprenant chacun un rez-de-chaussée et deux étages ; les ailes latérales auraient été réservées aux deux professeurs de chimie, le rez-de-chaussée postérieur étant commun aux trois professeurs. En 1865, on proposait de diminuer le volume de l'amphithéâtre par une galerie intérieure qui aurait servi pour les produits chimiques. En réalité, aucun changement n'a été effectué jusqu'en 1894 où une restauration a modifié l'arcade du fond et la hotte. En 1954, une rénovation a remis l'amphithéâtre dans sa forme primitive.

Depuis l'installation d'Arnaud rue de Buffon (vers 1893), on ne fait plus de chimie autour de l'amphithéâtre. Aujourd'hui, les hémicycles sont temporairement occupés par divers organismes : Formation permanente, Comité d'action et d'entraide sociales, Laboratoire des Arthropodes irradiés. Au premier étage postérieur sont entreposées les archives du Muséum. L'hémicycle latéral du côté est a été cloisonné pour l'installation du chauffage central ; des souffleries d'air chaud sont dans les premiers étages latéraux. Dans la grande hotte de l'hémicycle postérieur, une vitrine présente quelques appareils de chimie et des tableaux qui perpétuent le souvenir de Gay-Lussac et de Chevreul. Une affiche annonce le cours de Chevreul pour 1844. Ces locaux, qui maintenant nous étonnent par leur exiguïté, ont connu l'âge d'or de la chimie, un siècle d'enseignement et de découvertes

Visiteurs















Dupuy, P. - L'Ecole normale de l'An III
Ed. Hachette, Paris, 1895 : 95 p.

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Archives nationales - Manuscrits concernant le Muséum : AJ 15 (registres et cartons numérotes ). Registres des procès-verbaux des Assemblées de professeurs (1790 à 1848) : 90-142. Etats de traitements de l'an II à 1883 : 150-238. Bâtiments et terrains : 513. Organisation du Muséum : 515. Maisons et terrains en location : 522. Terrain Baillarger : 523. Etats nominatifs de traitements de l'an IV à 1910 : 533. Organisation des laboratoires : 849. Inventaire du matériel : 852. Travaux de 1833 à 1864 : 802. Papiers de l'architecte Rohault de Fleury (travaux de 1833 a 1867) : 803-800. Comptabilité : 874-877
Thèse doct. 3e cycle. Ecole Pratique des Hautes Etudes, VIe section, Paris. 1, 1969

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Archives nationales - Manuscrits concernant le Muséum : AJ 15 (registres et cartons numérotes ). Registres des procès-verbaux des Assemblées de professeurs (1790 à 1848) : 90-142. Etats de traitements de l'an II à 1883 : 150-238. Bâtiments et terrains : 513. Organisation du Muséum : 515. Maisons et terrains en location : 522. Terrain Baillarger : 523. Etats nominatifs de traitements de l'an IV à 1910 : 533. Organisation des laboratoires : 849. Inventaire du matériel : 852. Travaux de 1833 à 1864 : 802. Papiers de l'architecte Rohault de Fleury (travaux de 1833 a 1867) : 803-800. Comptabilité : 874-877
Thèse doct. 3e cycle. Ecole Pratique des Hautes Etudes, VIe section, Paris. 1, 1969

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Meunier, V. - La Science et les savants
Ed. Germer Bailliere, Paris. 1 : 383 ; II : 256

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Dupuy, P. - L'Ecole normale de l'An III
Ed. Hachette, Paris, 1895 : 95 p.

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