Extrait de : "Historique des chaires de Chimie, de Physique végétale et de Physiologie végétale du Muséum d'Histoire naturelle

Extrait de : "Historique des chaires de Chimie, de Physique végétale et de Physiologie végétale du Muséum d'Histoire naturelle", Victor Plouvier*, Bull. Mus. natn. Hist. nat., Paris, 4e sér., 3, 1981, Miscellanea : 93-155.

 

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Index Bibliographie

 

 

Professeurs, collaborateurs et élèves : leur oeuvre

 

Rôle de leur enseignement dans l'évoution de la chimie

 

 

La création du premier cours de chimie officiel et gratuit au Jardin du Roy en 1648 est un événement important dans l'histoire de l'alchimie. Celle-ci était jusqu'alors un ensemble de recettes connues des seuls initiés. Désormais, la libre circulation de ces connaissances dans le monde étudiant allait permettre les critiques et les conceptions nouvelles, donc une évolution vers une chimie plus scientifique.

Les trois premiers démonstrateurs, Davisson, Le Febvre et Glaser étaient alchimistes ; à cette époque, Nicolas Lémery se rendait célèbre en repoussant les théories obscures des alchimistes et en s'exprimant clairement. A ses cours de la rue Galande se formèrent Boulduc, Bourdelin, Malouin, Rouelle et Macquer. Ainsi, même si Lémery n'a pas enseigné au Jardin du Roy, son influence y fut indéniable.

Les leçons de chimie avec une partie théorique accompagnée d'une démonstration ont bien servi la cause de la chimie qui, dès 1730, s'est appuyée de plus en plus sur I'expérience. Guillaume-François Rouelle fut le démonstrateur le plus éminent de l'Ancien Régime. A son époque, les cours de Bourdelin, professeur titulaire, étaient restés aux idées de Lémery . ne tenant pas compte des théories nouvelles. Au lieu de confirmer la doctrine enseignée. Rouelle se plaisait à la démentir dans ses démonstrations. Adepte de la chimie de Stahl, il en fut l'ardent propagandiste. Son enthousiasme exagéré, ses attitudes souvent bizarres, ses locutions peu académiques servirent même d'attrait pour ses auditeurs. Il mit la chimie à la portée de tous et eut un succès considérable. Des gens de son époque le considéraient comme un génie. Il a peu écrit ; son cours a été rédigé par Diderot (1258 p.). Il fit vingt-cinq ans de cours où se sont formés les chimistes les plus éminents de la fin du XVIIIe siècle : Macquer, Bucquet, Lavoisier, Bayen, Darcet. Vers 1763, Lavoisier apprenait à manipuler dans son laboratoire ; d'ailleurs, il se fit gloire d'avoir été son élève.

Macquer fut d'abord disciple de Rouelle et adepte des théories de Becher et de Stahl, puis il y ajouta une note de philosophie et essaya sans résultat de faire une synthèse entre les idées anciennes et nouvelles. Il eut le mérite de rendre la chimie claire, simple, basée sur l'expérience ; il en fut le premier lexicographe (Mc Kie, 1957). Par ses écrits, il répandit en France cette théorie un peu améliorée mais inexacte qui allait être anéantie par Lavoisier.

Fourcroy, successeur de Macquer, nommé en 1784, arrivait juste au bon moment pour enseigner la chimie de Lavoisier. Avec lui, il collabora à la Méthode de nomenclature chimique (1787). Son cours commença en 1786. Professeur incomparable, très éloquent, attirant une foule d'auditeurs, Fourcroy fut un ardent champion de la chimie nouvelle qu'il répandit rapidement. Dans son éloge, Cuvier s'exprime ainsi : "pendant plus de 25 ans, l'amphithéâtre du Jardin des Plantes a été pour M. de Fourcroy le principal foyer de sa gloire. Et ce talent sans égal brilla de son éclat le plus vif à l'époque où la science elle-même fit les progrès les plus inouis". Fourcroy contribua largement à faire accepter la chimie de Lavoisier par les savants français. A l'étranger, Black fut le premier à s'y convertir (1790) ; Bergman, Scheele, Priestley, Cavendish ne s'y rallièrent pas.

Après la réforme de Lavoisier, toute la chimie était à construire sur des bases nouvelles : il fallait former des chimistes. Le Muséum continua à jouer un rôle de premier ordre avec les cours d'hommes illustres comme Gay-Lussac, Chevreul, Frémy..., jusqu'à la création d'établissements spécialisés.

On ne saurait oublier le rôle joué par Georges Ville dans l'enseignement agricole. En plus de son cours et de démonstrations à son laboratoire, il faisait des conférences publiques les dimanches d'été à son champ d'expériences de Vincennes pour montrer l'avantage des engrais artificiels. Dès 1868, il s'occupa de champs d'expériences scolaires créés partout par le ministre Duruy pour convaincre les cultivateurs

Visiteurs
















Henry, Ch. - Introduction à la Chymie. Manuscrit inédit de Diderot
Revue scientifique, 1887, 26 juillet 1884 et 27 juin 1885. Paris : 108 p.

Lemay, P.- Les cours de G.F. Rouelle
Revue Hist. Pharm., 1949, 123 : 434-442

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