Extrait de : «Historique des chaires de Chimie, de Physique végétale et de Physiologie végétale du Muséum d'Histoire naturelle

Extrait de : «Historique des chaires de Chimie, de Physique végétale et de Physiologie végétale du Muséum d'Histoire naturelle», Victor Plouvier*, Bull. Mus. natn. Hist. nat., Paris, 4e sér., 3, 1981, Miscellanea : 93-155.


Plus d'information! Index Bibliographie

 

 

Origine et évolution des deux chaires de chimie et de la chaire de physique végétale

 

Les deux chaires de Chimie

 

Leur histoire

 

 

La botanique fut la première discipline enseignée au Jardin du Roy et, dès le début, la chimie s'y trouve associée. Cependant, l'enseignement de la chimie dans Paris apparut comme une scandaleuse nouveauté pour la faculté de médecine. Elle y fit opposition, la concurrence du Jardin du Roy lui étant intolérable. De plus, celui-ci faisait appel à des docteurs de Montpellier, tels Vautier et Vallot, médecins du roi et surintendants. Or, il existait une rivalité entre les facultés de Paris et de Montpellier ; les médecins de Montpellier qui exerçaient à Paris introduisaient dans la thérapeutique des médicaments d'origine chimique (émétiques à base d'antimoine) que la faculté de Paris jugeait dangereux ; leur succès auprès de la Cour était insupportable aux docteurs de Paris, soucieux de défendre leur corporation locale. D'ailleurs, cette rivalité entre les deux facultés de médecine fut bénéfique au Jardin du Roy : elle lui évita d'être annexé par la faculté et lui permit de profiter de la valeur scientifique des docteurs de Montpellier (faculté plus brillante que celle de Paris).

 

Le roi ne tint pas compte de l'opposition de la Faculté : celle-ci ne réussit qu'à retarder l'ouverture des cours, car il est probable que Baudinot n'enseigna pas. La tradition dit qu'on organisa alors un enseignement non officiel pour la chimie : un médecin écossais, Davisson, en fut chargé et le cours commença effectivement le 23 juillet 1648 (premier cours public et gratuit professé en France). Cet événement important passa inaperçu au milieu des troubles de la Fronde. Davisson eut des successeurs : Le Febvre. Glaser, Charas.

 

D'autre part, Fagon qui succéda à Baudinot réussit à améliorer les relations avec la Faculté et il commença ses leçons dès 1665 : il eut par la suite de nombreux suppléants. En 1671, Charas fut chargé par l'intendant d'Aquin de faire les leçons comme suppléant de Fagon. A partir de 1686, Simon Boulduc suppléa également Fagon ; en 1695, celui-ci créa pour lui une place de démonstrateur de chimie. Antérieurement, cette place avait toujours été remplie par commission (*) ; on peut donc voir dans cette création un premier acte officiel qui permettra d'établir un siècle plus tard la seconde chaire de chimie. Lemoine considère S. Boulduc comme le premier titulaire de cette chaire, qui part donc de 1695. On peut admettre aussi que l'enseignement effectué depuis 1648 préfigure la création de cette chaire ; c'est pourquoi Constant fait remonter son origine à 1648 ; il établit une suite chronologique de sous-démonstrateurs et démonstrateurs qui présente une période de 1680 à 1695 sur laquelle on ne possède pas de donnée certaine.

 

Quand Louis Lémery fut nommé professeur (1730), il semble qu'on ait placé près de lui un démonstrateur, Gilles-François Boulduc, pour exécuter les expériences pendant le cours (et plus tard après le cours). Par la suite, Guillaume-Francois Rouelle fut le démonstrateur de Bourdelin, Hilaire-Marin Rouelle celui de Macquer, Brongniart celui de Fourcroy. Ainsi s'est constituée parallèlement à la première chaire une succession de démonstrateurs, véritable chaire secondaire qui fut officiellement reconnue en 1793.

 

La Convention, par décret du 10 juin 1793, transformait le Jardin du Roy en Muséum national d'Histoire naturelle, à peu près tel qu'il est aujourd'hui. Elle créait douze chaires magistrales, leurs titulaires étant les douze «officiers» du Jardin du Roy alors en fonctions. La première chaire de chimie prenait le titre de Chimie générale, la seconde celui d'Arts chimiques ; celle-ci appartenait de droit à Brongniart. En conséquence, j'ai adopté dans le présent historique la date de 1793 comme origine de la seconde chaire.

 

Le 31 août 1850, ces deux chaires sont devenues respectivement la Chimie appliquée aux corps inorganiques et la Chimie appliquée aux corps organiques. La première a été supprimée le 26 janvier 1892 avec transfert de son matériel à la seconde*. Depuis cette date, celle-ci reste donc seule. Après sa fusion avec l'ancienne chaire de Physique végétale (1936), elle a porté le titre de Chimie organique et Physique végétale, En 1941, elle est devenue chaire de Chimie appliquée aux corps organisés

 

Visiteurs























BRYGOO, E.

Les Médecins de Montpellier et le Jardin du Roi à Paris, Hist. Nat.,1979, 14 : 3-29





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Jussieu, A.L.

Notice historique sur le Muséum d'Histoire naturelle (en 6 articles)


Annals Mus. Hist. nat., Paris, 1802 : De la fondation à 1643, 1 : 1-14
Annals Mus. Hist. nat., Paris, 1803 : De 1643 à 1683, 2 : 1-16
Annals Mus. Hist. nat., Paris, 1804 : De 1682 à 1718, 3 : 1-17
Annals Mus. Hist. nat., Paris, 1804 : De 1718 à 1739, 4 : 1-19
Annals Mus. Hist. nat., Paris, 1805 : De 1739 à 1760, 6 : 1-20
Annals Mus. Hist. nat., Paris, 1808 : De 1760 à 1788, 11 : 1-41




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LEMOINE, P.

Le Muséum national d'Histoire naturelle. Son histoire. Son état actuel. Archs Mus. natn.Hist. nat., Paris, 1935, Vol. tricentenaire, 6e sér., 12 : 1-79

Dans cet article, au lieu de 1695, Lemoine indique 1729 par suite d'une confusion entre les deux Boulduc




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Laissus, Y.

Le Muséum d'Histoire naturelle : trois siècles d'histoire. Revue de L’Enseignement supérieur, 1902, n° 2 : 53-70

Le Jardin du Roi. Enseignement et diffusion des Sciences en France au 18e siècle, 1904 : 287-341



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CONSTANT, J.P.

Contribution à l'histoire de l'enseignement de la pharmacie. L'enseignement de la chimie au Jardin royal des Plantes de Paris.
Impr. de Coueslant, Cahors. Thèse doct. univ. pharm., Strasbourg, 1952 : 133 p.




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A la mort de Gay-Lussac (1850), la suppression de sa chaire avait été envisagée, le nombre d'auditeurs du cours ayant beaucoup diminué par suite de la création d'enseignements similaires dans d'autres établissements. A l'assemblée du 8 janvier 1892, Arnaud, Dehérain, Gaudry, Milne-Edwards étaient partisans du maintien de la chaire de Frémy. Des Cloizeaux, Cornu, Perrier, Vaillant, Van Tieghem, Ville voulaient la supprimer comme faisant double emploi d'une part avec la Minéralogie, d'autre part avec la Physique végétale, la Physiologie végétale et la Chimie appliquée aux corps organiques



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