Extrait de : «Historique des chaires de Chimie, de Physique végétale et de Physiologie végétale du Muséum d'Histoire naturelle

Extrait de : «Historique des chaires de Chimie, de Physique végétale et de Physiologie végétale du Muséum d'Histoire naturelle», Victor Plouvier*, Bull. Mus. natn. Hist. nat., Paris, 4e sér., 3, 1981, Miscellanea : 93-155.

 


Plus d'information! Index Bibliographie

 

 

Origine et évolution des deux chaires de chimie et de la chaire de physique végétale

 

Les deux chaires de Chimie

 

Histoire succinte de la chimie

 

 

L'ancienne alchimie était un ensemble de formules empiriques, de recettes obscures sans lien commun, souvent inexactes, ou apparaissaient le mysticisme, la magie et l'astrologie. L'objectif de l'alchimie était de découvrir la pierre philosophale capable de transmuter les métaux vils en métaux précieux (or et argent). Les espérances des alchimistes s'étendaient même à la découverte d'une panacée qui donnerait au corps humain une santé perpétuelle. Paracelse (1493-1541), célèbre alchimiste suisse, médecin un peu charlatan, fut titulaire de la première chaire de chimie fondée dans le monde (Bale, 1527) : il admettait le mercure, le soufre et le sel comme principes de tous les métaux: il introduisit la chimie dans la médecine, prépara de nombreux médicaments et vulgarisa l'emploi de l'antimoine et du bismuth.

 

Au XVIIe siècle, l'alchimie perdit peu à peu son caractère secret avec l'apparition des salons, des académies, des cours privés et publics, des traités et revues. On reconnut que l'expérience était source de vérité. Boyle (1627- 1691) engagea la chimie dans la voie expérimentale pendant la seconde moitié du XVIIe siècle. C'était l'époque où la chimie devenait la science des apothicaires et où les cours commençaient au Jardin du Roy : on comprend ainsi la cause de leur succès.

 

Il fallait interpréter les résultats expérimentaux : N. Lémery explique les phénomènes chimiques par des propriétés mécaniques ou physiques. Pour lui, «le plomb est un métal rempli de soufre et d'une terre bitumineuse qui le rend molasse et fort pliant, les acides ont des pointes qui provoquent des picotements sur la langue» (1675). L'augmentation du poids des métaux par la calcination est due à la fixation du feu, la diminution du poids des corps combustibles par la combustion résulte d'une régénération du feu. La vieille conception des quatre éléments (terre, eau, air, feu) restait classique.

 

Au début du XVIIIe siècle, Stahl (1660-1734), chimiste et médecin allemand, admit que tout corps combustible est composé d'une substance et, en outre, d'un principe commun à tous les corps combustibles qui les abandonne pendant la combustion : le phlogistique. Celui-ci serait un intermédiaire entre le feu et la substance propre du combustible : c'est un principe terreux quand il réside dans le corps combustible, un fluide subtil quand il se dégage au moment de la combustion. Cette théorie séduisante enseignée en France par les leçons de Rouelle et les ouvrages de Macquer fut acceptée jusqu'aux découvertes de Lavoisier.

 

Au XVIIIe siècle, on confondait encore les corps simples et les corps composés, les états de la matière avec la matière elle-même: jusqu'en 1757, on ignorait l'existence de gaz autres que l'air. Peu accessibles à nos sens, les gaz étaient passés inaperçus : aussi, leur étude devait être une source de résultats sensationnels. En 1778, Macquer affirmait que l'eau n'est pas décomposable. C'est alors que Lavoisier (1743-1794) rénova toute la chimie et la plysiologie par ses belles découvertes réalisées en moins de quinze ans : analyse de l'air et de l'eau, théorie de la combustion et de la respiration, distinction des corps pondérables et impondérables, séparation des corps simples et des corps composés. Au Jardin du Roy, l'éloquence de Fourcroy répandit ces idées nouvelles avec un grand succès.

 

De 1806 à 1814 furent établies les grandes lois de la chimie par Proust, Dalton, Gay-Lussac, Avogadro, Ampère. A partir de ces résultats, Dumas définit la molécule chimique (1826) et détermina de nombreuses masses atomiques. Et combien d'autres travaux importants se sont succédé : notation atomique de Gerhardt (1843), classification périodique des éléments de Mendéleïev (1869), synthèses organiques de Berthelot, chimie appliquée de Pelouze... Ces découvertes du XIXe siècle ont conféré à la chimie l'unité et la précision que nous lui connaissons aujourd'hui, En outre, elles lui ont fait prendre une grande extension dans le domaine théorique et pratique, prélude de celle, plus importante encore, de l'époque contemporaine.



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